Lorsque la cloche sonna la fin de l’année scolaire, Damien laissa échapper un long soupir, avant de sortir de classe, bousculé par ses copains. Les vacances d’été étaient arrivées. Et il en était dépité.
Les parents de Damien travaillaient dans un centre de bien-être. Le genre d’endroit où l’on pouvait se faire masser, prendre des bains de boue, se faire pomponner. Et malheureusement, la haute saison dans ce domaine, c’était l’été. Du coup, Damien allait à nouveau passer ses vacances seul, pendant que ses amis partiraient vers des horizons plus affriolants.
Avant de rentrer chez lui, il décida de faire un détour par la forêt qui s’étendait non loin. Après tout, il devait quitter son premier bus à l’orée pour attendre celui qui passait près de sa maison.
Lorsqu’il descendit à l’arrêt, le vent soufflait agréablement sur sa peau. Ses cheveux volaient doucement.
En entrant dans la forêt, il prit une grande inspiration. L’air sentait bon l’humidité de la forêt.
Malgré les températures clémentes, il pouvait ressentir qu’il faisait plus frais en ce lieu. Il se balada. Sans but très précis.
Arrivé à proximité de la petite rivière, il sortit du sentier, pour remonter le cours d’eau.
Il crapahuta entre les souches, la mousse, et les rocailles. Il faillait tomber plusieurs fois, et s’écorcha les mains. Mais il voulait continuer, remonter la colline, voir à quoi ressemblait le monde vu par en haut.
Au bout d’une heure de cette petite escalade, il se retrouva sur une petite plaine. Devant lui, l’amont de la rivière se perdait vers l’horizon, semblant impossible à atteindre.
Mais il continua à avancer, luttant contre le vent qui s’était renforcé, et le repoussait vers où il venait.
Son estomac se rappela à lui, dans un grognement digne d’un ours protégeant son petit.
Il interrompit son ascension, mit ses pieds à nu, retroussa le bas de son pantalon, et plongea ses jambes dans l’eau qui s’écoulait. Ensuite, il sortit une pomme de son sac à dos, et la mangea, trognon inclus.
Le calme environnant lui faisait un bien fou. Il s’allongea, sur la berge, et ferma les yeux, pour s’endormir sans s’en rendre compte.
Il s’éveilla au son de petits chocs métalliques. C’était comme si des clés s’entrechoquaient. Il faisait déjà nuit. Mais ce son l’intrigua plus qu’il ne l’effraya.
Abandonnant ses affaires sur la berge, il s’approcha à pas de loup de l’endroit d’où semblait venir le bruit.
Caché dans un buisson feuillu, Damien vit ce qui ressemblait à un groupe de grands papillons, se battre contre un groupe de grosses libellules. À la différence, que les ailes tenaient de petits corps humanoïdes.
Ces créatures se battaient à l’épée. Ceux qui tombèrent à terre firent penser à Damien aux insectes qui étaient épinglés dans les boîtes d’entomologistes.
C’était surréaliste. Il ne pouvait en croire ses yeux.
Il voulut s’approcher d’un des petits corps sans vie, à quatre pattes. Mais ce faisant, il tomba en avant. Sortant ainsi de son abri.
L’endroit qui quelques instants avant résonnait au son des épées qui se croisaient et de petits cris, était désormais silencieux.
Les êtres devant lui s’étaient arrêtés, l’observant, et ne sachant plus quoi faire.
Ces petites créatures, étaient en fait des fées, aux belles ailes de papillons, et des pixies, aux ailes élégantes de libellules. Depuis quelques décennies, ces espèces étaient devenues ennemies. À cause des humains Yeltarii, ceux sans pouvoirs, qui pullulaient sur la terre et volaient leurs habitats.
D’ordinaire, les Prodigieux, c’est-à-dire les êtres magiques, ou possédant des dons, évitaient de se révéler aux Yeltarii.
L’intrusion du petit Damien, força les pixies, et les fées, à discuter. Ils se demandaient ce qu’ils allaient faire de l’enfant. Fallait-il le laisser partir ? Ou l’occire ?
Le garçon, qui était toujours en train de se redresser, comprit l’enjeu de la discussion.
Heureusement pour lui, il était malin. Il réfléchit vite, et se proposa pour leur servir d’intermédiaire dans leurs discussions de paix.
Il ne savait pas trop pourquoi ces êtres se battaient. Mais il avait vu au journal télévisé des chefs d’État se poser en facilitateur pour des pourparlers entre-deux nations en guerre.
Les fées et les pixies votèrent et la majorité estima que l’idée de Damien n’était pas mauvaise.
Ils acceptèrent son aide face à leur problème. Mais pour cela, ils voulaient qu’il reste jusqu’à ce que le problème soit résolu.
Heureusement pour Damien, une vieille fée toute ridée s’imposa. Car il n’était pas normal qu’un enfant reste ainsi loin de tout. Elle proposa plutôt qu’il vienne chaque jour, et rentre chez lui chaque nuit, accompagné d’au moins un émissaire fée, et un émissaire pixie. Ainsi, s’il venait à manquer à sa parole, il serait directement châtié.
L’assemblée approuva l’idée avec enthousiasme. Et c’est ainsi que Damien passa son premier été avec ces petits êtres, qui devinrent ses meilleurs amis…